Auteur de la tribune : Carine KATITIMA, est une éminente défenseure de l’environnement et de l’égalité des sexes. En tant que directrice exécutive de l’organisation Congo Climate Fund, elle est reconnue pour son expertise dans la conception et la mise en œuvre de projets visant à promouvoir la durabilité environnementale tout en renforçant les droits des femmes.
La République démocratique du Congo (RDC) est souvent appelée « le trésor de l’Afrique » en raison de ses vastes réserves de ressources minérales précieuses. Parmi elles, le cobalt, le cuivre, le lithium, et d’autres métaux stratégiques sont essentiels pour la transition mondiale vers une économie verte. Cependant, derrière cette ruée mondiale vers les minéraux, se cachent des réalités sombres et méconnues, notamment les souffrances silencieuses des femmes de la RDC.
Un pillage environnemental sans précédent
La demande croissante de ces minéraux précieux, essentiels pour les technologies vertes, a entraîné une exploitation minière à grande échelle en RDC. Des forêts anciennes sont défrichées, des rivières sont polluées, et des écosystèmes fragiles sont détruits. L’exploitation minière a un impact direct sur la biodiversité et contribue au changement climatique, ce qui semble ironique dans une ère où la durabilité environnementale est à l’ordre du jour.
Les femmes de la RDC : Victimes silencieuses
Ce qui est souvent négligé, ce sont les conséquences humaines de cette course effrénée aux minéraux. Les femmes de la RDC sont les actrices méconnues de cette histoire. Dans les zones d’exploitation minière, elles travaillent dans des conditions inhumaines, exposées à des poussières toxiques et à des gaz nocifs qui engendrent des maladies respiratoires graves. Leurs journées de travail sans fin sont ponctuées par le harcèlement sexuel, l’exploitation et la violence, faisant d’elles les victimes silencieuses d’une exploitation impitoyable.
Le paradoxe de la durabilité environnementale
Alors que le monde s’efforce de passer à une économie verte et de réduire son empreinte carbone, il est inquiétant de constater que cette transition est en partie financée par l’exploitation minière destructrice en RDC. Les ressources précieuses qui alimentent la révolution verte sont extraites au prix de la dégradation de l’environnement et de la violation des droits humains, en particulier ceux des femmes.
Un appel à l’action collective
Il est impératif que la communauté internationale assume sa part de responsabilité dans cette situation. Les entreprises, les gouvernements et les organisations doivent s’engager à promouvoir des pratiques minières responsables qui respectent les droits des travailleurs, en particulier ceux des femmes, et qui préservent l’environnement.
Préserver la planète et les droits des femmes : Un objectif commun
La préservation de la planète et le respect des droits des femmes ne devraient pas être des objectifs contradictoires. Au contraire, ils sont étroitement liés. Il est de notre responsabilité collective de garantir que la transition vers une économie verte ne se fasse pas au détriment des femmes et de l’environnement, mais dans le respect de ces deux piliers fondamentaux.
Une nouvelle voie à tracer
La République démocratique du Congo est à la croisée des chemins. Elle peut choisir de poursuivre une exploitation minière destructrice ou de tracer une nouvelle voie, une voie qui valorise les droits des femmes, protège l’environnement et contribue à la transition verte. Cette décision ne peut être prise uniquement en RDC, elle doit être le fruit d’un effort collectif mondial en faveur de la durabilité et de la justice.